Quand la lumière qui émane de la peau induit un choix de couleurs
J’ai envie de vous parler de l’expérience qu’a fait Johannes Itten au Bauhaus en 1928, avec ses étudiants, des praticiens déjà aguerris quant à la pratique des couleurs, relatée dans son livre Art de la Couleur. (1)
Johannes Itten a consacré sa vie entière à l’étude de la couleur.
Lui-même artiste, il a étudié de manière scientifique les propriétés chimiques, physiques et chromatiques des couleurs. Son livre Art de la Couleur traite du contraste simultané des couleurs.
Que chacun peigne des accords de couleurs qu’il estime harmonieux
À sa « classe d’élèves peintres », Johannes Itten demande que « chacun peigne des accords [de couleurs] qu’il estime harmonieux et agréables ». (2)
Il n’est pas dans la pièce lorsque les étudiant·e·s réalisent ce travail.
Lorsqu’il y revient, les travaux sont présentés étalés au sol.
« Obéissant à une inspiration subite » il est en mesure de dire qui a fait tel agencement de couleurs, quelle harmonie, reliant ce qu’il voit dans l’exercice d’harmonie colorée à ce qu’il perçoit physiquement et dans le caractère de l’auteur de la peinture.
Il fait clairement le lien entre tempérament et harmonie des couleurs représentées
Il replace les travaux devant leurs auteurs. La surprise est de taille !
Car « tous les élèves percevaient une concordance étrange entre l’expression colorée des visages et les accords de couleurs correspondants ». (3)
Dans son ouvrage, des photos des étudiant·e·s sont apposées en miroir de leurs travaux.
Et, bien que les photos soient en noir en blanc, nous pouvons sentir l’exactitude de la description qu’en fait Johannes Itten, lorsqu’il détaille la teinte de la peau, des yeux, des cheveux.
Il décrit les types de carnations des personnes : leurs saisons !
Une personne au teint clair et doux peignait des tons également clairs et doux, celle qui avait une carnation plus intense choisissait des teintes plus denses ou vives.
Voici ce qu’il écrit au sujet de la photo ci-dessus, qui illustre cet article :
« Les figures 15-17 montrent les accords subjectifs d’une élève aux cheveux noirs, à la peau sombre, et aux yeux bruns noirs. […] L’accord obscur et fort témoigne d’une multiplicité de tons colorés divers et indique une personnalité vivante et intense, d’une forte sensibilité ». (4)
Bien sûr, un artiste use de toutes les teintes qu’il souhaite au fil de sa pratique, c’est différent de l’exercice demandé en classe par Johannes Itten.
Mon gout pour la couleur, mon passé de peintre, ma pratique de l’alignement vestimentaire sont nourris par ce type d’élaborations.
Johannes Itten a largement sa part dans la filiation qui nous amène au profil vestimentaire !
Une filiation non-exhaustive
La couleur a été étudiée depuis des siècles, d’Aristote et Hippocrate à Newton, en passant par Goethe et Chevreul.
Après Johannes Itten, dans les années quarante, Robert Dorr répartit les couleurs en deux catégories : les chaudes et les froides.
Au même moment, Suzanne Caygill, créatrice de mode, reproduit quelques centimètres carrés de la peau du visage de ses clientes à la peinture, sur une toile et de façon pointilliste, pour comprendre leur coloration. Elle y voit plus ou moins de rose, de jaune, de mauve, de brun, et extrait certaines de ces teintes pour créer le vêtement.
Elle constate également cette relation entre la personnalité et la qualité de la carnation de ses clientes.
De la base de ses enseignements émerge dans les années soixante-dix des livres comme Color Me Beautiful de Carole Jackson.
Ils et elles ont perçu cette magie et lui ont donné forme
Depuis, les approches se sont affinées et approfondies. Celle que je pratique aborde les couleurs, les matières, les coupes et leurs pendants psychologiques.
Cette relation intime et mystérieuse entre des couleurs choisies et la carnation est une magie qui ne me réjouit.
Je suis toujours touchée de voir une personne se « reconnaitre » tout à coup dans SES couleurs.
Il est des personnes qui sentent bien cette correspondance entre une certaine lumière qui émane de leur peau, de leurs yeux, de leurs cheveux et le choix des couleurs de leurs vêtements. Mais elles ignorent les subtilités de chaque saison, et portent sur elles certains tons qui sont seulement proches des qualités de leur saison, et pas forcément justes pour elles.
Je le vérifié souvent : quelque chose de fin émerge dans le ressenti, mais la connaissance manque pour que certaines teintes soient tout à fait justes dans leurs qualités de tons, de vivacité, d’intensité, de fraicheur ou de chaleur.
La sensation est là, il manque la partie d’apprentissage.
Les Saisons, issues du Cercle chromatique, donnent des balises tout à fait aidantes pour respecter les couleurs qui font vraiment rayonner.
Pour rayonner, les tests de tissus
L’alchimie entre la lumière de la peau et le choix des couleurs devient réalité après un test de tissus, qui permet la révélation d’une des Saisons – et de ses subtilités. En effet, plusieurs personnes d’une même Saison, se référant donc au même nuancier, ne porteront pas forcément les mêmes qualités de couleurs (intenses, douces, claires ou foncées par exemple). D’autant plus que d’autres paramètres viennent enrichir chaque profil vestimentaire.
Mais c’est encore une autre histoire…
Pour en savoir plus sur le processus dans Couleurs de l’Etre vous pouvez aller sur cette page.
Les notes (1) (2) (3) et (4) font référence à l’ouvrage de Johannes Itten – Art de la Couleur Éd. Dessain et Tolra 1967
